DAVID LYNCH PARLE

" Pourquoi se préoccuper des termes, des classifications ?

Si le "surréalisme" vient d'une façon naturelle, de l'intérieur, c'est bien ; un surréalisme voulu, fabriqué, serait affreux. "

(La revue du cinéma, N°424. Février 87)

" Le cinéma, pour moi, c'est un désir très fort de marier l'image au son.

Lorsque j'y parviens, j'en éprouve un véritable frisson.

En vérité, je ne suis pas sûr de chercher autre chose que ce frisson. "

(Studio magazine, N°63, juin 1992)

" Je déteste entendre les réalisateurs parler de leur travail et encore plus le faire moi-même. Je n'aime pas qu'on explique.

Si ça n'est pas dans le film, c'est que c'est raté, le film doit rester un mystère. Même pour moi, il faut qu'il garde un pour cent d'insaisissable. J'aime l'abstrait, mais le public n'y est pas habitué.

Je déteste que tout soit convenu d'avance ou compréhensible. "

(Première, Août 1996)

" J'aime tout ce qui dépasse l'entendement.

Tout ce qui entoure la vie, et que nous ressentons sans nécessairement le percevoir clairement, me fascine.

C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai écrit "Eraserhead".

C'est sans doute aussi ce qui me poussait auparavant vers la peinture, à laquelle je me destinais à mes débuts...

La lecture du scénario d'Elephant Man a, inévitablement, produit un choc en moi.

C'était une sorte de réconciliation entre l'horreur et le reste du monde, l'émotion mise au service du monstrueux.

Il existe un tel contraste entre le physique repoussant de cet homme et son âme si belle, tellement pure et généreuse, tellement plus pure et plus généreuse que celle de la plupart des êtres normaux. Il me semblait impératif de lui rendre justice. "

(Première N°49, Avril 1981)

" Ce que je pourrais dire sur ce que j'ai voulu raconter dans mes films n'aurait aucune importance.

C'est comme si vous déterriez un type mort depuis quatre cent ans et que vous lui demandiez de vous parler de son livre. "

(La revue du cinéma, N°424, février 1987)

" Blue Velvet est une chanson de Bobby Vinton écrite dans les années cinquante, que j'ai découverte - et beaucoup aimée - dans les années soixante.

Une chanson qui m'a inspiré un certain état d'esprit. Quand au velours, c'est un matériau extraordinaire, sensuel, riche, lourd... presque organique. "

(La revue du cinéma, N°424, février 87)

(A propos de la ville de Salzbourg, Autriche :) " Je pensais surtout que j'étais à 7000 miles du plus proche Mac Donald. "

" Je ne sais pas ce qui serait arrivé si j'avais continué à faire des films comme Eraserhead.

Je ne sais pas si j'aurais pu continuer à faire du cinéma, tout simplement. "

(L'Ecran fantastique N°53, Février 1985)

" Je compare toujours ça à la pêche. Vous vous asseyez sans faire de bruit et rien ne se passe pendant assez longtemps.

Et soudain, ça mord... et vous avez une idée.

Plus la ligne s'enfonce et meilleur est l'appât, plus le poisson que vous prendrez sera gros. Il ne faut pas forcément se taire, mais être ouvert à tout ce qui peut arriver... être attentif. "

(Le journal du cinéma. Canal +. Mars 96)

" Les idées, il suffit de les laisser en quelque sorte nager. Vous n'avez pas affaire à des gens qui vont les juger. Vous n'avez pas à vous préoccuper de ce qu'elles veulent dire.

Ce ne sont que des "feelings", et vous savez intuitivement ce qui marche.

Cela peut donner quelque chose d'honnête si vous vous maintenez à ce niveau, et si vous laissez ces idées nager librement dans un coin ou vous pouvez les pêcher et les sortir de l'eau. "

(Midnight movies, new-York, 1983)

" Il ne faut pas se préoccuper de les exprimer par des paroles ; ce qu'il faut, c'est les traduire dans le langage du film.

Les traduire par un petit "plop" sur la bande son et un petit plan dans une séquence.

Retrouver le sentiment qui correspond à l'idée qu'on s'en faisait.

Le scénario écrit arrive à tuer beaucoup de films qui auraient pu être abstraits ou différents. "

(L'écran fantastique, N°53, février 1985)

" Lorsqu'on a une idée pour la première fois, elle recèle une puissance intrinsèque. Il faut essayer de ne pas oublier le sentiment que l'on éprouvait au moment où l'on a eu cette idée, et y rester fidèle. "
(L'écran fantastique, N°53, février 1985)

" La plupart de mes idées sont parfaitement spontanées.

Et puis je fais le tri en surface pour voir comment une idée peut succéder à la précédente et former un tout avec.

Pareil pour les scènes : comment, au nom de quelle logique s'enchaînent-elles ?

Elles se combinent entre elles, et on commence à entrevoir quelque chose d'où peuvent surgir des tas d'autres idées.

Mais à partir du moment où un certain nombre d'idées se sont enchaînées, le moule est coulé, et il faut que toutes les autres idées s'y conforment. "

(La revue du cinéma, N°424, février 1987)

" Il faut vous sentir libre de toute réflexion.

Les idées surgissent, elles s'enchaînent les unes aux autres et ce qui les fait tenir ensemble, c'est l'euphorie qu'elles déclenchent en vous.

Ou la répulsion qu'elles vous inspire : dans ce cas là, vous les éliminez.

Si vous partez dans un film en vous fixant à l'avance des limites à ne pas dépasser, il y a des chances que cela restreigne votre histoire... "

(Première, Novembre 1990)

" Mon imagination ressemble à un grille-pain automatique d'où sortent les idées... "

(Première, Novembre 1990)

" Une route permet d'aller vers l'inconnu. Nous allons de l'avant, et en même temps nous charrions notre passé, en même temps nos pensées nous éloignent de la route.

Il devient difficile de différencier ce qui est réel de ce qui ne l'est pas. "Mulholland Drive" parlera de ça "

(David Lynch, entretien avec Elisabeth Lebovici et Didier Péron, Libération, 3 janvier 2001)

" Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d'une oeuvre d'art qu'elle veuille dire quelque chose, alors qu'ils acceptent tout à fait que leur vie à eux ne rime à rien. "

(Libération, 23 mars 1996)

" J'adore Jacques Tati. Je l'adore pour son talent, la tendresse de son cœur et son amour pour l'humanité. (...) Je suis désolé qu'il soit parti dans l'amertume.

Je ne comprends pas que sur la fin les gens se soient pas allés le voir pour lui dire à quel point il était un grand réalisateur. "

(15-05-02)

" La télévision, c'est du télé-objectif, tandis que le cinéma, c'est du grand-angle.

On peut jouer une symphonie au cinéma alors qu'à la télé on est limité au grincement.

Seul avantage : le grincement peut être continu. "

(Libération, 05 Juin 1992)

" J'apprécie l'accessibilité de la télévision. Les gens sont dans leurs meubles, personne ne les dérange, ils sont au mieux pour entrer dans un rêve. "

(Libération, 05 Juin 1992)

" La télé a changé depuis Twin Peaks, je ne sais plus ce qui est en jeu : ils regardent du côté des "tendances", des statistiques, toutes sortes de chiffres.

Les gens ne prennent plus de décision comme pouvaient le faire les grands producteurs d'autrefois.

La peur les gouverne, ils n'utilisent plus leur intuition et il leur est donc plus facile de dire "non" que "oui".

Mais, pour moi, c'est une bénédiction : le processus s'est enclenché, Canal + est arrivé, et c'est une belle histoire - même si on a été dans le brouillard pendant un certain temps. "

(Liberation, Janvier 2001)

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