L'absurde et le réel :
Jean-Luc Godard à propos de Persona d'Ingmar Bergman

" Je n'ai rien compris à Persona.

Absolument rien.
J'ai bien regardé le film, et j'ai vu la chose de cette façon : c'est Bibi Anderson qui est malade et c'est l'autre qui est son infirmière.

Finalement, je crois toujours au " réalisme ".

Ainsi, au moment où le mari croit reconnaître sa femme, pour moi, puisqu'il l'a reconnue, c'est bien elle.

Mais si on ne se basait pas sur le réalisme, on ne pourrait plus rien faire, et dans la rue on n'oserait même plus monter dans un taxi - en admettant qu'on se soit même risqué à sortir.

Mais je crois tout. Il n'y a pas deux parts, celle du " réel " et celle du " rêve ", il n'y en a qu'une. Belle de jour, c'est magnifique.

Et à certains moments, c'est comme dans Persona : on se dit, bon à partir de maintenant, je vais suivre bien les choses pour savoir exactement où on en est. Et puis il y a tout à coup…

On se dit merde !

Ca y est !…

et on s'aperçoit qu'on est passé de l'autre côté.

C'est comme si on ne voulait pas s'endormir pour ne pas dormir au moment où on s'endort. C'est le problème que posent ces deux films ".

 

Godard par Godard
Des années mao aux années 80
Flammarion -
Collection Champs Contre-Champs

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